Matériel informatique : comment acheter plus responsable ?
Comment limiter l’impact environnemental de nos achats et infléchir nos pratiques vers plus de sobriété ?
Ce sont la fabrication et la distribution du matériel qui représentent l’essentiel de l’empreinte carbone du numérique.
Les terminaux (smartphones, ordinateurs portables ou de bureau, télévisions, tablettes) sont particulièrement gourmands en ressources au cours de l’ensemble de leur cycle de vie1 : consommation d’eau, de métaux rares, d’énergie, et donc de gaz à effet de serre.
Pour limiter notre impact, augmenter la durée de vie des équipements et bien acheter est donc primordial.
1 Extraction des matières premières, fabrication, distribution, utilisation (et réutilisation) et recyclage
La priorité des priorités : prolonger la durée de vie des matériels
Pour limiter les achats inutiles, la protection et l’entretien du matériel existant constituent un premier levier. Selon une enquête récente de l’ADEME1, près de 7 Français sur 10 déclarent être attentifs à la protection et à l’entretien de leurs appareils pour éviter qu’ils ne cassent.
De plus, environ 50 % d’entre eux affirment réparer leurs appareils en cas de panne, au lieu d’en acheter un nouveau.
1 Barometre-sobriete-numerique-rapport.pdf
Jean-Charles Briatte, fondateur de JCB Informatique et adhérent de Digital Bay, accompagne ses clients dans l’installation et la maintenance de leurs systèmes d’information. Il confirme : « une maintenance régulière est importante pour la durabilité des équipements ».
Afin d’augmenter les performances de « vieux » ordinateurs, il préconise le remplacement des disques durs magnétiques par des disques SSD (Solid State Drive). « Ces derniers vont 6 à 10 fois plus vite : ils permettent de faire tourner les logiciels actuels sans aucun souci sur un PC d’une dizaine d’années » explique-t-il.
Cela dit, résister aux sirènes des tendances et de l’esthétique n’est pas toujours facile. Il est vrai que les objets au design séduisant (on ne citera pas de marques 😊) sont très attractifs. Mais ils se révèlent aussi les plus difficiles à maintenir, à démonter et à réparer.
Autre obstacle :
les marques qui tendent à l’obsolescence prématurée via leurs logiciels. Ainsi la décision de Microsoft d’arrêter le support technique de Windows 10 en 2025 pourrait entraîner la mise au rebus d’environ un cinquième des PC dans le monde. Cela représente le chiffre vertigineux de 240 millions d’ordinateurs de bureau, ordinateurs portables et tablettes.
Jean-Charles Briatte regrette « la pression exercée par Microsoft pour Windows11, en instaurant des critères très élevés, sous prétexte de sécurité ». Le collectif Green IT parle de son côté de « verrous artificiels » poussant à l’installation de cette nouvelle version.
Lorsque c’est possible, s’affranchir des GAFAM, grâce à des systèmes open source comme Linux est l’une des solutions.
Lorsque l’achat est nécessaire : la solution du reconditionné
L’achat de matériel reconditionné s’est développé à grande vitesse ces dernières années. Ainsi, selon une étude Kantar de 2024, 20% des smartphones utilisés en France actuellement sont d’occasion (comprenant l’achat ou don entre particuliers et via des professionnels), ce qui représente près du triple du marché d’il y a six ans (seulement 7% en 2018).
C’est une bonne nouvelle, même si selon Jean-Charles Briatte, « le reconditionné n’est pas la panacée ». Tout dépend de l’esprit de cet achat car celui-ci va aussi alimenter le marché du neuf et la surconsommation, en déculpabilisant les acheteurs. D’autre part, l’occasion est garantie sur des durées plus courtes que le neuf. « Mieux vaut acheter un PC neuf et le conserver 10 ans, que remplacer un PC d’occasion tous les deux ans » résume notre expert.
Quoiqu’il en soit, il est préférable d’éviter les grosses plateformes de revente pour se tourner vers des acteurs locaux, comme ceux figurant dans l’annuaire mis en ligne par : l’Agglo de La Rochelle : Acteurs d’une seconde vie pour le matériel numérique – Agglo La Rochelle (agglo-larochelle.fr)
A ce propos, comme l’année dernière, Digital Bay participera en mars au Digital Cleanup Day, journée mondiale de sensibilisation à l’empreinte environnementale du numérique par l’action, dont l’objectif est d’inviter tous les acteurs, particuliers comme professionnels, à agir concrètement en nettoyant leurs données et en offrant une seconde vie à tous les équipements numériques qui dorment dans des tiroirs.
Un bon indicateur : l’indice de réparabilité
Encore largement sous-utilisé, ce dispositif concerne un nombre restreint de produits, dont les ordinateurs portables et les smartphones. Parmi les critères d’achat déclarés par les participants au baromètre ADEME, le critère d’indice de réparabilité ne représente que 15,2% des réponses. Il faut dire que cet indice existe seulement depuis le 1er janvier 2021. Logiquement, ce pourcentage devrait augmenter dans les prochaines années et permettre d’orienter les choix vers des équipements plus durables.
De plus, l’achat de matériel de qualité plutôt que des premiers prix est vraiment conseillé, surtout pour les entreprises. Jean-Charles Briatte oriente ses clients vers des produits durables, garantis 5 ans, et possédant une puissance légèrement supérieure aux besoins du moment, afin de pouvoir suivre les évolutions des logiciels à venir.
Focus sur le baromètre « Sobriété numérique » de l’ADEME – novembre 2024
Alors que 68 % des Français connaissent la nécessité d’augmenter la durée de vie des appareils numériques, le coût d’achat, suivi des fonctionnalités et performances sont les deux critères les plus cités par les personnes interrogées. En revanche, la durée de vie des appareils ne représente que 37 % des réponses, la consommation d’énergie 22,3 % et l’indice de réparabilité seulement 15,2%. Enfin, n’oublions pas le biais du déclaratif qui sous-évalue certains critères (comme l’aspect esthétique et la tendance) par rapport à la réalité des achats.
« Lorsque vous achetez un nouvel appareil numérique, quels sont les principaux critères qui influencent le plus le choix du produit ? (Trois réponses maximum) »
Il reste donc du chemin à parcourir pour changer nos habitudes et les entreprises ont un rôle important à jouer. Avec les bonnes informations et les bons conseils, il est possible de trouver des solutions pour un équilibre performance économique / impact environnemental optimal dans la gestion de nos équipements numériques.
Hélène Buisson – hbsolutionscomm.com