Les IA génératives vont-elles
« tuer » Google ? 

Les investissements annoncés dans la recherche en IA se chiffrent désormais en centaines de milliards de dollars, les champs d’application couvrent tous les secteurs : finances, médecine, droit, e-commerce, logistique, robotique… Mais au quotidien, ce qui a déjà changé pour le grand public, c’est surtout l’adoption massive des IA génératives.

IA versus Google

Ces nouveaux usages vont-ils bouleverser la recherche sur le web et menacer le géant Google ? Essayons d’y voir plus clair.

Les LLM1 bouleversent la recherche en ligne

« L’IA est en train de bouleverser la manière dont nous accédons à l’information, c’est un fait ! Là où Google organisait le web avec son indexation et ses algorithmes de classement, des outils comme ChatGPT, Perplexity ou Gemini fournissent désormais des réponses directes, sans nécessiter de cliquer sur des liens »
explique Romain Calmettes, digital manager.

Conséquence ? Une baisse prévisible de trafic pour les sites web, une remise en question du modèle économique basé sur la publicité et le référencement, et des éditeurs qui commencent à verrouiller leurs contenus pour éviter que l’IA ne les exploite sans contrepartie. Difficile de leur donner tort…
Mais ce n’est que le début ! Le SEO et le SEA doivent s’adapter, et vite, sous peine de perdre une partie de leur impact. Google a dû intégrer l’IA dans sa Search Generative Experience (SGE), où les réponses enrichies prennent de plus en plus de place dans les résultats.
D’ailleurs, selon Gartner, l’audience des moteurs de recherche traditionnels pourrait chuter de 25 % d’ici 2026, un chiffre qui illustre bien l’ampleur du bouleversement. Si l’IA captait à terme l’essentiel des requêtes, tout l’écosystème devrait réinventer ses stratégies de « visibilité ». Marques et annonceurs ne doivent plus seulement être visibles sur Google : il faut désormais être intégré dans les réponses générées.

« Certes, OpenAI n’a pas encore lancé de moteur de recherche au sens strict, mais avec la recherche en temps réel intégrée à ChatGPT, la frontière entre IA et moteur de recherche devient de plus en plus floue. »
Romain Calmettes, digital manager

Google n’a pas dit son dernier mot

Gemini, l’IA générative de la firme californienne, semble peu à peu rattraper son retard par rapport à la pionnière : ChatGPT d’OpenAI. Ainsi en France, selon une étude IPSOS venant de paraître sur l’adoption des IA en France : parmi les plateformes d’IA générative, Gemini arrive en seconde position avec 30% des utilisateurs Français la préférant, contre 66% pour le leader ChatGPT. Copilot de Microsoft arrive en troisième position avec 17 %. Notons que contrairement à Copilot, Gemini n’est pas intégré au navigateur (du moins en Europe), même s’il est interrogeable depuis peu à partir de la barre d’adresse1

Les outils d’IA générative les plus utilisés par les Français

extrait enquete ipsos ia usages des francais

Source : IPSOS Intelligence artificielle : quels sont les usages des Français ? | Ipsos

Depuis la mi-janvier, Google a même intégré Gemini à l’offre Google Workspace Business, une manière d’accélérer l’adoption de son assistant1 et de gagner « mécaniquement » des parts de marché auprès des professionnels.
Mais c’est surtout l’arrivée annoncée de Gemini 2.0, qui pourrait changer la donne : de simple agent conversationnel, cette nouvelle version évolue pour devenir un agent « intelligent » capable d’exécuter plusieurs tâches sur Google Chrome. Ainsi cette IA (actuellement en prototype) pourrait réaliser des actions sur internet à la place de l’utilisateur, comme effectuer une réservation ou produire une liste de contacts par exemple.

Les outils LLM gratuits : une illusion ?

Certains experts prédisent l’explosion de ce qu’ils appellent « la bulle de l’IA », et ils visent tout particulièrement les usages déraisonnés de l’IA générative pour de simples recherches sur internet. Actuellement, c’est la course aux investissements, les actionnaires affluent, dans l’espoir de bénéfices à venir. Autrement dit, le modèle gratuit tel qu’il existe actuellement risque à terme de devenir payant, comme le prédit Tristan NITOT, le cofondateur de Mozilla et Firefox : « la bulle de l’IA pourrait exploser, avec seulement un ou deux survivants pour rafler le marché, et un challenge : augmenter massivement les prix pour arriver à disposer d’un produit enfin profitable. »
Ajoutons les coûts environnementaux démesurés : les centres de données consomment énormément d’électricité et d’eau, tandis que la fabrication de processeurs à grande échelle (GPU, NPU…) nécessite d’extraire toujours plus de métaux rares et de minéraux dans des conditions déplorables pour les droits humains.

« Le marché de l’IA générative tel qu’il est configuré (des chatbots accessibles gratuitement) n’est pas viable, car les coûts d’entrainement et d’inférence sont exorbitants. » 
Frédéric Cavazza, Consultant, conférencier, formateur en IA et transformation digitale.

L’avenir semble donc à la réduction des modèles, davantage ciblés pour des usages BtoB plus facilement monétisables. Ces derniers devront aussi être plus sobres et moins coûteux : le chinois DeepSeek prouve qu’il est possible techniquement d’optimiser les performances des LLM, même s’il pose d’autres questions éthiques.

illusion intelligence artificielle

Pour l’instant, la course au gigantisme se poursuit. Mais jusqu’à quand ? Est-il raisonnable de dépenser autant de ressources (financières et environnementales) pour effectuer de simples requêtes internet ? De plus en plus de voix, scientifiques, politiques comme simples citoyens, s’élèvent pour réclamer des usages des IA réellement utiles à la collectivité.

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