Professionnels, comment intégrer l’IA à votre transformation numérique ?

En introduction à la Digital Night du 4 avril prochain, tentons d’appréhender les enjeux et les nouvelles perspectives ouvertes suite au développement des IA au sein du monde professionnel.

usages et évolution de l'IA en entreprise

Un état des lieux contrasté

Les IA, désormais connues et utilisées par le grand public

Les IA sont largement utilisées par les géants du web depuis longtemps : les algorithmes de recommandation des plateforme de streaming vidéo ou audio, les flux des réseaux sociaux sont régis par des outils de machine learning que nous utilisons chaque jour.

Les grandes entreprises industrielles, les banques, les assurances sont également friandes d’applications B to B basées sur l’IA dans les RH, la finance, la maintenance…

Un usage des IA Génératives encore limité dans les TPE et PME

Dans le monde de l’entreprise, selon une enquête de BPI France[1], fin 2023, seuls 3 % des dirigeants de TPE/PME font un usage régulier des IA génératives et 12 % un usage occasionnel.

IA : opportunités pour l'entreprise quel que soit son secteur

En revanche, depuis le lancement des IA génératives libres,  un usage « masqué » existe : des collaborateurs peuvent utiliser ces outils pour certaines tâches sans le déclarer. Ces expérimentations individuelles sont légitimes mais gagneraient à être un minimum encadrées, compte-tenu des risques potentiels.

C’est ainsi que certaines structures mettent en place des règles comme l’interdiction d’insérer des données de l’entreprise dans les logiciels ou le fait d’en limiter l’accès aux collaborateurs qui ont été formés aux risques d’utilisation. On voit même apparaître des chartes d’utilisation rendues publiques pour une transparence auprès des clients (agences de communication, instituts d’études, médias…).

[1] Enquête réalisée entre le 16 novembre et le 5 décembre 2023 auprès de 3077 dirigeants de TPE et PME.  

Les IA au service de l’entreprise

Des outils pas si faciles à maîtriser

A première vue, les IA conversationnelles semblent très faciles d’accès : il suffit de poser une question et le logiciel répond.

Pourtant ces IA, et plus largement tous les modèles linguistiques basés sur l’intelligence artificielle (LLM) présentent des limites, notamment dans le cadre professionnel. La presse a beaucoup parlé des « hallucinations[1] » parfois générées par ces systèmes. Rappelons ici que les IA, aussi élaborées soient-elles, n’en restent pas moins des systèmes mathématiques et informatiques basés sur l’encodage et l’analyse statistique de très grandes quantités de données. Elles ne possèdent aucun raisonnement propre ou connaissance symbolique. Un modèle de langage génère les mots les uns à la suite des autres, en fonction des probabilités qu’ils correspondent à la demande de l’utilisateur.

De plus, comme l’explique Fabien Abrikh, co-animateur du groupe de travail IA responsable à l’INR : « Le langage naturel peut créer l’illusion d’empathie, incitant les utilisateurs à se confier ou à divulguer des données sensibles de l’entreprise. Tout ceci nous donne un rappel de la nécessité de conscientiser les utilisateurs sur les capacités réelles de l’IA. »

[1] Allégation erronée présentée comme un fait certain, suite à une requête auprès d’un LLM.

Les humains conservent donc un rôle très important pour détecter les erreurs et les biais algorithmiques, savoir rédiger les bonnes requêtes, etc…

Autre limite importante : le manque de transparence sur les corpus utilisés pour entraîner ces IA et les problèmes de propriété intellectuelle et de fuite de données confidentielles en cas de mauvaise utilisation.

Des opportunités à saisir

Assistance en programmation, extraction et classement rapide d’informations, synthèse de texte, génération de contenu, assistants virtuels et chatbots ou encore détection de fraude : les usages sont nombreux.

De nombreuses tâches se trouvent simplifiées, voire automatisées, dans la continuité du mouvement engagé depuis des décennies, mais avec une nette accélération. Et désormais, même les métiers dits intellectuels sont concernés.

Consultante en recrutement, Morgane Braud témoigne : « j’utilise l’IA comme une sorte d’assistant personnel afin de gagner du temps ». Dans la rédaction des annonces ou la préparation des questions en vue d’un entretien, ChatGPT lui fournit une base anonymisée qu’elle corrige si nécessaire et qu’elle retravaille. De même, l’outil est efficace pour l’aider dans sa veille technologique.

Toutes les fonctions support et opérationnelles peuvent utiliser les IA génératives, avec des impacts importants dans la communication, le marketing et la vente. L’ensemble des secteurs sont concernés, dont au premier chef la technologie, la santé et l’éducation.

Selon l’étude BPI France citée plus haut :

  • Seuls 8 % des dirigeants de TPE et PME n’ont jamais entendu parler des IA Génératives,
  • 71 % déclarent ne pas en trouver l’usage dans leurs entreprises,
  • 21% des répondants évoquent un manque d’expertise.

La montée en compétences des dirigeants sur ces questions va donc rapidement devenir indispensable, d’où les importants besoins en accompagnement et en formation des professionnels.

Les IA ne sont pas magiques !

La créativité et le savoir-faire humain en tant que tels ne sont pas reproductibles. Les IA peuvent écrire des lignes de codes (à condition que le langage soit suffisamment répandu pour avoir nourri un corpus très important de données) mais en aucun cas mener un vrai projet de A à Z.
Le véritable enjeu sera de savoir utiliser les outils à bon escient, au service d’une stratégie globale, et en sachant repérer les biais et erreurs éventuelles en fonction du contexte.

Le mot de la fin

« Bien que les IA génératives ouvrent la voie à une nouvelle ère de possibilités, la vigilance et la régulation sont essentielles pour naviguer avec succès dans ce paysage technologique en constante évolution. »
Fabien Abrikh, co-fondateur de l’INR -Institut du Numérique Responsable et co-animateur du groupe de travail IA responsable.
Retour en haut